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Puis tu viendras à moi. Tu glisseras ton cœur
sur mon cœur, gracieuse et lisse, et sans rien dire.
Tu connaîtras ma joie profonde si je pleure,
et tu n’auras alors qu’à gravement sourire,
et à poser sur moi ta légère douceur.

Je serai doux pour toi comme une jeune fille.
Mon cœur aura le bleu profond de ces charmilles
où quelque grande sœur a fait goûter ses frères,
et d’où l’on peut entendre, aux fins d’après-midi,
l’aiguisement des faux luisantes sous la pierre,
au milieu du silence éternel des prairies.


IV


Le ciel pleut lourdement sur l’eau feuillue des douves,
Sans doute, en ce moment, tu couds auprès du feu.
L’ombre de ton salon tremble, et des lueurs douces
volent sur l’acajou noir et fané des meubles.