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main le présentait. Puis César étincelait dans le jeu d’un adversaire, César vêtu de pourpre ; et tant de combats livrés aux Gaules, tant de triomphes en Asie et à Rome, et cette fin tragique au milieu du Sénat, et ces Commentaires pompeux, tout cela finissait de par la Volonté du Très-Haut sur cette table où la misère et l’humilité se faisaient face. Et l’on entendait : « Je joue le roi de carreau. «  César était suivi par Alexandre et celui-ci l’emportait encore sur le Romain par son caprice victorieux, sa beauté, son amour de la philosophie élégante. Thèbes rasée, la Thrace et l’Illyrie prises, Darius vaincu, l’Égypte prisonnière, le Caucase franchi, les Indes soumises, Babylone réduite et c’était là tout ce qui demeurait, à cette heure, d’un triomphe si inouï : cette image coloriée et cette phrase lentement articulée par un malade : « Je joue le roi de trèfle. » Et Charles venait prendre part aussi à la bataille pacifique, Charles le Grand qui vainquit les Lombards, qui vainquit les Saxons et qui passe dans l’histoire flanqué de son neveu Roland et suivi de moines et de législateurs