qu’il m’a été donné de la parfaire avec cette joie terrible qui fait frissonner de son souffle les feuilles de l’Évangile, à l’heure où mon Sauveur s’écrie : J’ai soif ! J’ai soif aussi, moi, soif de l’âme que vous m’avez confiée et il ne sera pas dit que je n’ai pas attendu la maturité de la moisson pour arracher l’ivraie. J’ai soif de l’âme que vous m’avez confiée sacramentellement… J’avais une unique brebis. On me l’a prise. J’ai pardonné. Au nom de mon amour, ô moi-même, tais-toi !
Elle va être là. Qu’est-ce qu’elle va faire quand elle va être là ? Va-t-elle se taire ? Elle a quitté Burgos il y a trois jours… Elle aura repassé, en chemin de fer, devant les Cerises… Aura-t-elle jeté un regard sur la maison déserte comme une alouette qui ne chante plus ? Elle aura peut-être évoqué tout cela qui s’efface, qu’elle a effacé : le soleil sur les noyers ; les jeux des enfants dans la prairie ; le salon grand ouvert dans la lumière, aujourd’hui glacée, où brillait son aiguille sur son ouvrage… Je la revois avec un morceau