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faire que nous puissions nous reconnaître en Vous. Car il n’y a que Vous qui puissiez nous sauver par un presque impossible miracle. Mais j’ai retenu ce fragment de ma prière du matin : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera ouvert. » Ô Dieu ! Je demande, je cherche et je frappe. Je frappe à la porte de votre présence réelle sans laquelle je ressens que rien ne m’est plus. Je Vous implore comme jamais davantage ne Vous a imploré personne. Je Vous demande je ne sais comment ce que Vous savez mieux que moi. Je Vous demande de faire pour moi ce que je n’ai pas fait. Prenez en pitié sa chair maintenant meurtrie et humiliée, mais surtout son âme. Qu’est-ce de l’amour humain, ô mon Dieu ! quand de grosses veines noires sillonnent le corps ? Mais qu’est cet autre amour qui naît au-dessus de celui-là et qui se passe de beauté ? Vous savez que jamais plus qu’aujourd’hui je ne fus attaché à cette pauvre victime. Ô mon Dieu ! ne la perdez pas, ne nous perdez pas. Pardonnez-nous la faute dont nous sommes coupables et si Vous exigez pour la rançon de