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Pomme d’Anis remit elle-même à Luce, de la part de l’oncle Tom, entre autres cadeaux, l’héliotrope enfin fleuri issu de la couche funèbre de la princesse égyptienne. L’harmonium gronda. Des discours furent prononcés. Les oiseaux des forêts vinrent becqueter jusque près de la table dressée dans la grange le pain que Dieu donne aux plus pauvres…

Mais, la cérémonie terminée, le soir même, lorsque Pomme d’Anis et l’oncle Tom se retrouvèrent seuls dans la serre mystérieuse, un sanglot secoua l’enfant vêtue de rose comme la bruyère-vagabonde. L’oncle Tom comprit-il ? Peut-être, car, tenant Pomme d’Anis entre ses bras, il éclata aussi en sanglots en entendant ces mots :

— Ô oncle… Que je suis malheureuse… Je couperai mes cheveux… Je serai Réparatrice comme sœur Madeleine… J’aurai l’air d’un grand paon…


1903.