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Johannès lui dit :

— Voulez-vous me donner la main ?

Elle tend la main droite, ayant fait passer dans la gauche la petite canne d’ébène à tête de sarcelle. Mais bientôt, rougissante, elle retire la main qu’elle a donnée. Deux larmes roulent de ses yeux gris…

Dans l’un des tièdes bassins de la serre, deux fleurs se penchent avec amour l’une sur l’autre. Celles-là, rien ne les empêche de s’unir, car elles ne sont frappées que de l’innocence de Dieu.

Ô graines que le vent de la montagne transporte sur son aile, que vous soyez les filles de la gentiane amère ou du myrtil agréable, vous possédez une égale douceur à l’heure où les pollens se marient à la rumeur joyeuse des abeilles !

— Laure, continue Johannès, donnant avec gravité à Mlle d’Anis ce prénom qui est celui de son baptême… Laure… Voulez-vous être ma femme ?