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a une toute petite bouche sanglante où l’on voit deux pépins de nacre lorsqu’elle rit ou lorsqu’elle est étonnée. Ses yeux sont noirs comme deux baies de belladone, si noirs que presque durs ; son nez en bec de caille est si joli qu’il donne envie de rire ; son teint est celui de la mandarine et ses cheveux lustrés de bleu semblent toujours sur le point de se dérouler… Si bonne, si délicate, si je ne sais comment dire que, lorsqu’elle se promène avec Pomme d’Anis et qu’elle la sent lassée, elle simule la fatigue en s’appuyant sur elle avec légèreté. Il est très amusant, le contraste qu’offre la beauté de ces deux jeunes personnes.

Et justement, aujourd’hui, Luce vient déjeuner au château d’Anis, Elle saute du char à bancs et découvre la cocasse petite rondeur de sa jambe. On songe à Perrette et au pot au lait…

Ô fraîcheur des adolescentes ! Sourires pleins comme des fruits ! Sang vermeil qui coulez sous les nuques si nues ! Sûreté de vous-mêmes ! Fleurs qui n’avez pas été tou-