Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un papillon, elle les frotte d’une manière exagérée, en riant, avec la paume de la main. Ce qui fait que sa mère observe :

— Tu vas l’arracher de ta figure, il est pourtant bien joli, ton nez…

À quoi Pomme d’Anis répond :

— Qu’est-ce que cela me fait qu’il soit bien joli, puisque je ne le vois que dans ma glace… Et puis…

— Et puis ?

— Quand on a cette canne… même en ébène…

Mme d’Anis rougit, embrasse longtemps sa fille contre elle.

— … Maman ?

— Quoi donc, ma fille ?

— Je ne devrais jamais vous dire des choses comme celle-là.

Pomme d’Anis a dix-sept printemps et demi, s’il y a des moitiés de printemps. Elle naquit le jour que son père mourut d’un accident de chasse. Il l’eût bien aimée parce qu’il