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MÉDITATIONS

IV


Maintenant mon œil t’a vu.
Job, c. xlii, 5.


Je ne vois pas Dieu, dis-tu. Mais, à ce moment, tu ne vois pas davantage ta mère, bien que ton âme témoigne qu’elle dort dans son fauteuil. Et, si tu la sais malade, et que tu sois loin d’elle, ce n’est pas vers rien que se tendent les muscles de ta face et de ta pensée. Ce n’est pas vers rien non plus qu’allait la prière de cette personne prostrée dans son humble affliction, les bras en croix, les mains vides, les yeux fermés, la face abîmée, la bouche tordue par l’appel au miracle. Que des hommes grossiers ou qu’enfle le misérable savoir humain haussent les épaules devant ce masque ! Moi, je dis que Dieu le contemple.