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LA PÊCHE À LA LIGNE


À Alfred Vallette.


Peut-être deux cents fois j’ai relancé ma ligne qu’un flotteur très léger convertit en ligne volante presque. La voici accrochée au fond, je la dégage et la relance.

Depuis déjà une heure je contemple, du haut d’un rocher, la surface du gave pareille à la cime d’un bois quand le vent la retrousse. L’eau verte écume comme un feuillage à l’envers, s’incline vers moi, murmure. Et, à intervalles irréguliers j’entends, là où elle est plus encaissée, l’eau qui heurte la pierre comme un bûcheron cogne un arbre.

Je suis ébloui par la réverbération du soleil