Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
FEUILLES DANS LE VENT

sont roides, et ces dernières si parfumées que l’on dirait de grains d’encens que le soleil liquéfie et qui s’égouttent dans l’allée. Le fruit, d’un jaune clair, si on le coupe transversalement, a la forme et la transparence d’une rosace d’église.

Onzièmement, de l’acacia-boule. — Sa forme est celle d’un grand bilboquet. Il n’indique que la présence d’une administration des ponts et chaussées. Il ne fleurit jamais. Planté au bord des routes, il se sent assimilé à une borne kilométrique.

Douzièmement, du peuplier. — Quand Sully, qui les fit planter au long des avenues de France, encourageait les travaux des campagnes, les fuseaux des fileuses aimaient les quenouilles des peupliers. Ensemble ils chantaient ou ronflaient. Ici le fil avait un nœud et là le feuillage un nid d’oiseau. Les fuseaux et les peupliers tombent sans que personne les relève.

Treizièmement, de l’ormeau. — C’est la fête du village. Sur la place quatre ménétriers font danser des couples. Une bouteille de limonade luit sur la table devant l’auberge. Les