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FEUILLES DANS LE VENT

Il est doux de méditer sur l’importance que Dieu donne, dans la sainte Écriture, aux fleurs, aux grains, aux fruits et aux feuilles. Mais ce n’est point aujourd’hui la fête des fleurs, dont la plus blanche est le lis de Jessé, et la plus rouge la rose de l’Arbre de la Croix, rose qui s’effeuille sur le front de Notre-Seigneur. Ce n’est point non plus la commémoration des graines qui évoquent la moisson ensoleillée et Ruth qui étend avec amour l’ombre de ses cheveux aux pieds du vieux Booz. Ce n’est point, non plus, l’anniversaire de ce jour où les messagers qui revinrent de Chanaan ployaient sous l’énormité de ces grappes déjà pleines d’un précieux sang.

C’est spécialement aujourd’hui la fête des feuilles, c’est le dimanche des Rameaux.

Et si ces rameaux, il n’en faut pas douter, ont une obscure intelligence, ils sont fiers en ce jour d’avoir été foulés par l’humble ânon qui, entre Béthanie et Jérusalem, servit de a monture au Fils de l’Homme. D’ailleurs les