Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
FEUILLES DANS LE VENT

Régnier, d’un Remy de Gourmont, d’un Francis Vielé-Griffin.

Ses mains demeuraient nues quand elles avaient livré son cœur. C’est qu’alors il venait de tout donner avec la générosité de ceux qui ne veulent posséder que du génie.

Il ne fut vain ni du prix que lui avait décerné l’Académie française, ni de la certitude qu’elle l’accueillerait, ni des avantages que lui eût conférés sa famille prépondérante en Lorraine. Tel, encore inconnu, un soir, il heurta à ma porte, passant divin qui entonnait en mon honneur le plus beau de ses hymnes, tel je le retrouvai bien plus tard fidèle à son amitié :


Mais que nul de nous deux, malgré l’âge, n’oublie
Le jour où fortement nos mains se sont unies.


Et, aujourd’hui, de nos deux cœurs, le mien demeure seul. Qu’il soit l’urne funéraire et jalouse de ce Semeur de cendres.



Votre pauvre ami Charles Guérin enlevé cette nuit par congestion cérébrale.