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Jean Valjean… J’y vais… J’y vais, un soir, s’pas ?… Un peu à l’avance… Un grand escalier, au théâtre… un escalier superbe, monumental, moucher… un escalier de marbre… Un type, mon cher, qui descendait cet escalier en crachant. Je me dis : puisqu’il crache ainsi, sans façon, il doit être de la maison, s’pas ? Jui dis : — Pouvez-vous m’indiquer la loge de Coquelin ? — C’est là, qu’il me dit. J’y vais, mon cher. Coquelin, en train de se préparer, se précipite vers moi : — Ah ! Carrière ! Quelle joie, mon cher, quelle joie de jouer Jean Valjean devant vous… Ça m’électrise, s’pas ? Je vais me surpasser. Pendant que Coquelin me parlait, il y avait un type qui lui tendait un bissac, mon cher, le bissac de Jean Valjean, s’pas ?… Mais Coquelin bavardait toujours avec moi, et il ne voulait pas entendre le bonhomme qui répétait, toutes les deux minutes, en tenant le bissac à bras tendus : — MMMâââîlre, MMMâââître… mettez votre bissac ?… Il est temps d’entrer en scène. Mais Coquelin faisait signe que non… Le public peut attendre, je cause avec l’ami Carrière. Et, deux minutes après, le pauvre