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moi délivré par la Commission de l’hospice. Il me les rendit et me demanda quelle avait été la profession de ma jeunesse. Afin de ne pas rester muet, et aussi bien pour le déconcerter un peu — on sait mon penchant à l’ironie — je répondis :

— Poète.

Il eut un grave signe d’assentiment.

— On voit, en effet, fit-il, à votre manière de tenir le chapeau bas devant l’autorité, que vous avez été honorable.

Et il quitta l’écurie, traversa la cour et rentra dans la salle à manger de l’auberge où l’attendaient deux copains qu’il m’amena après qu’ils eurent, je crois, bien déjeuné. L’un des deux nouveaux venus me parla sévèrement :

— Vous avez dit à monsieur que vous aviez exercé la profession de poète, ce qui nous a donné à penser. Répondez-moi. Connaissez-vous M. Léonard Bazeilles ?

Je fus obligé, à mon grand regret, de répondre : non.

— Ce qui me prouve, dit l’enquêteur, que vous ne les connaissez pas tous.