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de la bouche, tournant la tête par galanterie, afin de ne les pas enfumer. Dans un coin, la carcasse d’un feu d’artifice dissimulait de brillantes intentions.

Autant continuer la petite noce commencée à midi et si mal interrompue par l’arrivée de l’idéologue et du mastroquet. Je pénétrai par une barrière dans le jardinet d’une guinguette et m’y fis servir, pour quatre sous, une tasse de vin.

De vingt-huit francs soixante centimes, ôtez deux francs vingt centimes, il me restait vingt-six francs quarante centimes.

Ayant prélevé sur mon déjeuner la moitié de mon pain et un peu de bœuf, il restait dans mon sac de quoi manger en buvant mon demi-litre. Ce repas terminé, j’allai m’étendre dans un pré en attendant le festival nocturne.

Le programme portait, au no 1 : Rosier grimpant, par Damidoff.

Ce morceau prétentieux et fade, comme son titre, eut le don de m’émouvoir. Que m’importaient le peu de valeur de l’œuvre, l’assurance pleine de vanité du chef de la Lyre