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Et je montai les escaliers vermoulus, tristes.
C’est là, qu’ils étaient passés, eux aussi, les Vieux
qui maintenant sans doute reposent aux Cieux ;
et dans l’intérieur de la maison,
sur le plâtre qui était crevé, sur les cloisons,
sur les portes que les années avaient noircies,
comme si elles avaient été des incendies,
le soleil n’entrait pas et tout était si noir
que c’était un deuil aussi que je croyais voir.

Et ils disaient : « Voyez ici… C’était l’étude… »
L’étude… l’étude… et la décrépitude
de la maison était pleine d’un grand silence,
et je croyais entendre que les morts dans le ciel
se taisaient dans la maison triste où je venais.

Avec une tristesse douce je saluai
la bonne famille obligeante et je m’en allai.
Je remontai dans la carriole au grand soleil
pour regagner la petite ville lointaine.
Et le pauvre cheval tristement repartit,
et le petit chien triste et très doux s’endormit
entre moi et le paysan doux son maître.
Et près des champs, des pigeons tristes s’envolèrent.