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Ah ! des enfants des autrefois, sans doute,
s’amusèrent dans ce parc si ombreux…
On avait fait venir des plantes rouges
des pays loin, aux fruits très dangereux.

Et les parents, en leur montrant les plantes,
leur expliquaient : celle-ci n’est pas bonne…
c’est du poison… elle arrive de l’Inde…
et celle-là est de la belladone.

Et ils disaient encore : cet arbre-ci
vient du Japon où fut votre vieil oncle…
Il l’apporta tout petit, tout petit,
avec des feuilles grandes comme l’ongle.

Ils disaient encore : nous nous souvenons
du jour où l’oncle revint d’un voyage aux Indes ;
il arriva à cheval, par le fond
du village, avec un manteau et des armes…

C’était un soir d’été. Des jeunes filles
couraient au parc où étaient de grands arbres,
des noyers noirs avec des roses blanches,
et des rires sous les noires charmilles.