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Que la pitié que tu as pour la vieille servante
t’apprenne à vénérer les serviteurs tremblants
dont la main ne peut plus porter les poids trop grands.

Que la pitié que tu as pour le chien paralytique
t’apprenne que tu dois panser tous les martyres
et avoir la pitié des animaux infimes.

Si tu as la pitié du vieux puits plein de roses
où est l’eau du baptême et où est l’eau de la mort,
apprends à vénérer et à aimer les choses.

Si, ne revoyant pas le père, qui, dans Un Jour
coupe naïvement les belles roses rouges,
tu te dis que, sans doute, il est mort :

respecte les absents et respecte les morts.

Dans la même chambre, après-midi. Le jour, au dehors, est
triste, triste.


LA MÈRE, (à genoux, prie).

Mon Dieu, je vous en prie. Oh ! faites que mon fils
ne meure pas. Ayez, ayez pitié de mon martyre.
Il était si bon. Mon Dieu, je sens que je deviens folle.
Je vous supplie à genoux. Mon Dieu, ayez pitié
de moi. Ce n’est pas possible. J’ai rêvé.