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LA MÈRE, (à l’ami).
Quelle heure est-il ?
L’AMI
Onze heures.
LA MERE
quelle heure il est quand on souffre comme ça.
(Elle prie. Le chant de la procession s’exalte. Il frémit sous l’azur torride. Il résoone comme une ruche, comme une pluie d’été sur l’eau.)
LE POÈTE, (en lui-même).
Ce bruit, dans le jardin, est comme une prière…
Ce sont les doux moineaux qui effritent la pierre
de la muraille. Mais c’est la procession.
Ah ! Je reconnais bien la fraîcheur des prières
chantantes dans la frondaison bleue de la Fête-Dieu !
Je me souviens ! Je suis, j’y suis. Chantons !
Dans mon cœur, ô mon Dieu, ont fleuri des blés bleus
sous le tranquille azur de cette matinée
où les chants, bien scandés, de la belle Fête-Dieu
flottent comme un parfum d’île de rosée.