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LE POÈTE

Le monde est bon à ceux qui sont riches.
Ils n’ont pas la médiocrité des soucis.
Je passe ici ma jeunesse sans plaisir.
J’aime et je souffre. Je fouille mon âme à en mourir.
Ayez pitié de moi, mon Dieu ?

L’ÂME DU POÈTE

Ayez pitié de moi, mon Dieu ? Tu veux de l’or ? Tu en as.
Écoute ? L’or de Dieu sonne là-bas.

(On entend des sonnailles de vaches.)

Ce sont les sonnailles des vaches au front lourd et paisibles.
Elles sonnent comme un trésor dans la nuit.
Tu veux de l’argent ? Regarde ? Il pleut des étoiles.
Comme l’argent elles sont luisantes et pâles.
Tu veux des bijoux ? Ta fiancée a des yeux.
Tu veux une urne ? Tu as le cœur de ta mère.
À genoux ! Dieu est grand ! Il parle à la terre.
Les sources prient jour et nuit. Fais comme elles.

LE POÈTE

Je souffre.

L’ÂME DU POÈTE

Je souffre.Qui est-ce qui ne souffre pas ?
Est-ce la gloire que tu désires ? Nul ne sait s’il l’aura.