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comme l’eau qui tremble dans les choux, le matin,
comme les toiles d’araignées dans la rosée du chemin,
comme l’écorce des cerisiers dans la main,
comme le poil des lapins sauvages broutant le thym,
comme les pas d’une bergeronnette sur la glace d’un chemin,
comme près du vieux puits l’aiguilleux romarin,
comme le gloussement des poules piquant les grains,
comme la chanson du puits d’argent sous une douce main,
comme le lys commun et comme le raisin,
comme la bonté qui est chez tous les hommes…

LA FIANCÉE

comme la bonté qui est chez tous les hommes…Je t’aime. Viens ?…

(Ils se lèvent et s’en vont.)

Scène Troisième

La nuit est tombée. C’est après souper. Ils sont tous dans la vieille cuisine. Tamis aux murs, lard au plafond, vieille horloge, cheminée immense et noire, vieilles et grandes tables. Une chandelle en résine et une chandelle en suif pour éclairer.

La mère et la fiancée ficellent des pots de confiture.

L’âme du poète à côté du poète qui est debout près de son père debout aussi et qui vient d’entrer.

Le poète parle à la vieille servante.

LE POÈTE

Leur a-t-on donné congé trois mois à l’avance ?