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DES ESPRITS

Le Monde, comme hier, roule, et comme demain.
Nous ne comprenons rien à ce que l’on comprend.
Nous savons que le feu et l’air sont transparents,
et qu’un poète naît ainsi que le matin.

La Terre, l’Univers et Ce qui les dépasse
chantent jusqu’à ce que le poète en soit plein,
et la mort c’est la vie, le père l’orphelin,
l’orphelin c’est le père, et la prison l’espace.

Les forêts, cette nuit, ont fait taire leurs harpes
pour en donner le son à celui qui va naître.
La Nuit était épaisse et donnait sa lumière
à celui qui va en être plein comme un astre.

Le Jour se fait plus clair et il donne sa nuit
à celui qui y jettera de la lumière.
On a entendu s’arrêter, un moment, la Terre
qui lui donnait la terre afin qu’il la pétrît.

La Mère lui a donné les hoquets et les larmes,
le Feu lui a donné la chaleur des artères,
le Ciel lui a donné le séjour de la Terre,
la Vie lui a donné la Mort qui grandira.