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LA NAISSANCE DU POÈTE




PREMIÈRE PARTIE


DANS LE CIEL

L’Univers est dans un grand recueillement. Je pense qu’il est un bloc de marbre noir que l’intelligence et la lumière vont sculpter.

Peu à peu le noir devient blanc. C’est la neige qui sort de la nuit. Elle tombe sur la Terre.

C’est au mois de décembre.

Le poète va naître dans une douce maison de campagne. Le ciel s’éclaire de plus en plus. Les forêts fleuries de neige sont des bouquets.

Des chants s’élèvent, doux comme le silence qui les a précédés, à peine sensibles d’abord, comme des frissons de harpe, puis majestueux, calmes, apaisants. Ils emplissent d’amour l’étendue divine.

Et, dans les silences des chœurs, la campagne tressaille comme un ventre de femme enceinte, et les coqs réveillés chantent. C’est le


CHŒUR CÉLESTE


auquel se mêlent les voix les plus pures de la Terre.