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Sur la montagne immense un oiseau criait.
Nous avions peur qu’il ne fût triste à ainsi crier…
Et moi je te disais, pour calmer ton doute :
la mère de l’oiseau qui crie ainsi, comme toutes les
mères des oiseaux, va lui apporter à manger.
« Tu crois ? » me disais-tu, et tu me souriais.

Et nous avons marché, et t’ai donné à boire
de l’eau de source avec nos lèvres ensemble.
Tu as crié : « Qu’elle est fraîche ! Oh ! qu’elle est fraîche ! »

… Alors il plut. La pluie courait sur la montagne.
C’était la pluie qui fait rêver les villages,
la pluie au bruissaillement tendre et léger,
la pluie qui tinte, la pluie qui pleure du soleil,
la pluie qui arrose les clairs arcs-en-ciel,
la pluie qui fait courir et frissonner les poules.
Et nous fîmes attention à la boue…

Nous sommes rentrés doucement pour déjeuner
et, à table, nous nous sommes disputés
sérieusement, et tu as failli pleurer
que je n’admette pas une de tes idées…