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Les hommes tristes viendraient
pleins de haches et de fusils
prendre la résine dorée
aux pins remplis d’écaillis.

Tu n’es pas une palombe,
et je ne suis pas un lièvre.
Étends-toi sur l’ombre longue
des pins longs sur la fougère.

Les aiguilles des pins noirs,
amères, vertes mais noires,
tomberont sur ta peau douce
qui glisse comme la mousse.

Tu te mettras toute nue
où il y a des bruyères
et au loin les petits lièvres
bondiront, boulés, pattus.

Le monde est bon et très doux,
les petits lièvres aussi,
et les grands nuages gris,
les palombes et le houx.