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… Mais suivre cette route obscure est bien pénible !
Je tâtonne. J’appelle. On ne me répond point.
Dieu ! Que votre silence est profond et terrible !
Ouvrez-moi donc la porte où je heurte du poing ?

Ah ! d’autres trouveront, dans la paix des cellules,
à remplir tout leur cœur avec ce qu’ils n’ont pas,
mais moi j’entends l’appel au fond du crépuscule
de ma passion nue sur son lit de lilas.

Vous avez assigné par des lois très adroites
à cette âme sans frein et déchaînée en moi,
Vous avez assigné des limites étroites
qu’elle ne peut franchir tant que Vous êtes là.

N’aurez-vous pas pitié de votre serviteur ?
Il est blessé. Il gît. Il a soif. La savane
s’étend. Le bon Samaritain, ô mon Sauveur,
ne passera-t-il pas bientôt sous les lianes ?

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi faut-il aussi longtemps,
pourquoi faut-il pour que je puisse Vous aimer
que Vous foudroyiez les fleurs de mon Printemps ?

— Mon fils, l’abricot point déjà dans la ramée.