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Il est des jours où l’ame est triste. Elle retombe.
Et Dieu ne répond plus, semble-t-il. Et l’on songe
à la sueur d’angoisse, à l’abandon du Fils.
« L’âme est triste jusqu’à la mort. » Et on supplie,
on s’obstine. Mais Dieu comme un mur de cachot
demeure sourd, et l’on flotte dans le chaos.
Et le cœur se dissout dans l’âme ainsi troublée.

Alors, tenant ainsi qu’une poignée de blé
son chapelet, ces grains de l’humilité sombre,
le poète le sème aux divins champs de l’ombre
où germe la moisson de toutes les prières.