Page:Jammes - Clairières dans le ciel, 1916.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

Leurs pieds roses éperonnés coupaient l’air bleu.
Et la fille du métayer comme une fleur
se balançait sur le perron, parmi les coqs.
Et sonnait, et sonnait. On entendait le choc
de chaque coup de cloche au large des collines.
Et le cortège se formait au potager.
Et les amies suivaient la blême fiancée.
comme l’on suit le vol d’un papillon des neiges.
Une musique naïve précédait le cortège,
et le poète louait Dieu en se disant :
C’est ainsi qu’autrefois partit pour Chanaan
Rebecca dont la race était vaillante et fière.
Les temps n’ont point changé pour ceux qui croient au Père.
Voici le puits, peut-être, où tu laissas, Rachel,
se dénouer tes boucles lourdes sur tes mains belles,
cependant que Jacob guettait, dessous les palmes,
comme un fruit d’or bruni tes joues fermes et calmes.