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En ce jour-là l’église allègrement sonnait,
car la fille d’un métayer se mariait.
L’église sonnait sur la gloire des maïs d’Août.
Elle sonnait au-dessus des granges recueillies,
et sonnait au-dessus des hangars et des puits
dont on entendait les chaînes rouillées se taire,
et sonnait au-dessus des greniers et des aires,
et sonnait au-dessus des batteuses qui ronflent,
et sonnait au-dessus des filles brunes et blondes
qui s’élançaient pour la noce de leur amie,
et sonnait à grands sanglots d’amour qui s’espacent,
et sonnait. Et les bœufs ensommeillés qui passent
s’arrêtaient intrigués, levant leurs cornes pâles
vers ces cœurs de la haie, les roses du Bengale.
Et sonnait. Et les pigeonnes gonflant le dos
roucoulaient sur les toits, diaprées comme l’eau.