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L’âme garde longtemps le parfum du rosaire
comme la boîte verte garde une odeur de feuilles.
Certe il est bon, quand la Terre vous abandonne,
de méditer, et qu’alors le Ciel vous accueille.
Il est bon, quand sur soi l’orage couve et tonne,
de descendre dans la profondeur des Mystères ;
il est bon lorsque les hommes vous ont trahi,
quand on est exilé, quand on n’est pas compris,
de retrouver toujours la Famille divine.
Cette Famille est là, qui avec vous chemine
ou s’arrête avec vous, matin, midi et soir ;
il est bon de parler à la Vierge et la voir,
tantôt enfant, avec son voile dans le Temple,
pure comme elle-même et remplissant sa lampe ;
tantôt tranquillement belle, puissamment mère ;
tantôt vieille, voûtée et saintement amère.
Il est bon d’évoquer son Enfant glorieux
et, banni par les hommes, d’habiter avec Dieu.