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Le poète n’est plus jeune comme autrefois.
Il a dit à son chien ; chien, il est d’autres bois
que ceux où nous chassions dans le fumeux automne
il est d’autres ajoncs et il est d’autres chaumes :
il y a les fougeraies des ténèbres de Dieu,
les fourrés qui le soir respirent dans les Cieux.
Mais le poète, bien qu’amer devant la vie
qu’il avait tant aimée et qui l’avait trahi,
le poète savait sourire aux jeunes filles
dont les joues sont les pommes rouges des charmilles.
Il faut que, sans savoir pourquoi, ces enfants rient.
Il faut laisser jaser les sources des prairies.