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En avançant, nous voyons en effet des marchands indigènes accroupis près de leurs marchandises étalées à terre ; nous examinons chaque boutique dans l’espoir d’y découvrir de petits objets peu coûteux, portant une trace de couleur locale, et dont nous pourrions emporter plusieurs exemplaires pour les offrir à nos amis, en souvenir de notre excursion. Nos recherches n’aboutissent malheureusement à aucun résultat ; tous les objets que nous voyons viennent directement de la Chine, et nous pourrions nous en procurer facilement de semblables à Canton et à Shanghaï, à bien meilleur compte ; cependant nous nous décidons à acheter des éventails en papier coréen, dont la monture très légère est faite en bambous ornés de dessins gravés au couteau. Certes ces objets n’offraient que bien peu d’intérêt, mais leur bas prix, — nous les payâmes environ dix centimes la pièce, — joint à l’absence complète de choix, nous obligea à faire contre fortune bon cœur, et à nous contenter de ces pauvres spécimens de l’industrie coréenne.

Avant d’arriver à la rue du Consulat, notre guide nous fait tourner à gauche ; nous nous engageons dans une voie qui longe la baie, et qui n’est que la continuation de la route de Fou-sang à la concession. Des deux côtés du chemin, des maisons, d’assez pauvre apparence, sont occupées par de petits trafiquants japonais qui vendent aux indigènes des ustensiles en porcelaine, des allumettes chimiques et d’autres menus objets. Au sortir de la concession, dont un poste de police japonais marque la limite, la route est bordée d’un côté par la mer, et de l’autre par la colline couverte de sapins, sur laquelle est construit le Consulat.

Arrivé au corps de garde, notre guide s’excusa, en appelant à son aide ces figures de rhétorique, dont les langues de l’Orient sont si riches, de ne pouvoir nous laisser aller plus loin. Mais les règlements sur ce sujet, nous dit-il, étaient strictement observés par ses compatriotes, et jamais un Japonais ne franchissait les limites de la concession sans être pourvu d’un passeport en règle. Force nous fut donc de nous engager dans un étroit sentier, au travers des sapins, qui nous conduisit, en contournant le bois, à un groupe de maisons de construction massive. Les murs en briques supportent de grands toits relevés aux angles, et formés par de grandes tuiles reposant sur une épaisse couche de terre destinée à rendre les habitations plus fraîches en été et moins froides en hiver. Tout, dans ces constructions, rappelle l’architecture du nord de la Chine