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qui traite des tarifs de douane, elle paraît, au premier abord, rédigée dans un sens tout aussi prohibitif que celui du traité coréo-américain ; cependant, si l’on se donne la peine de l’étudier un peu, on voit qu’il n’en est point du tout ainsi. Dans le tarif japonais, les objets d’or et d’argent, les étoffes de soies, les tapis, les vins et les alcools payent un droit de 20 p. 100 de leur valeur ; seulement l’eau-de-vie japonaise — saki — ne paye que 8 p. 100, et le camphre, le cuivre, le pétrole, les étoffes japonaises, ainsi que tous les articles à l’usage des Japonais, n’acquittent qu’un droit de 5 p. 100. Comme on le voit, les Japonais se sont appliqués, dans leurs négociations avec la Corée, à faire peser les droits de douane sur tous les produits d’importation étrangère, tandis que ceux qu’ils produisent sont très légèrement taxés.

Pendant que les Japonais se tiraient aussi habilement d’affaire, en obtenant des Coréens des concessions qu’ils veulent, au nom de la justice, enlever aux étrangers établis chez eux, l’Angleterre, la reine des nations commerçantes, ne restait point inactive, et obtenait, en même temps que l’Allemagne, du gouvernement coréen, un traité en tout point semblable à celui concédé aux États-Unis. Seulement, comme dans la Grande-Bretagne les marchands et leurs représentants, les chambres de commerce, exercent une grande influence sur la direction du Foreign-office (ministère des affaires étrangères), ces dernières déclarèrent bien nettement que les tarifs acceptés par les États-Unis d’Amérique enlevaient toute valeur économique à l’ouverture des ports coréens aux étrangers, et que les produits industriels de l’Occident ne peuvent pénétrer sur des marchés aussi pauvres que ceux de la Corée, s’ils ont à supporter, en outre des frais de transports, des droits d’entrée égaux au cinquième de leur valeur intrinsèque. Ces excellents arguments décidèrent le gouvernement britannique à refuser de ratifier le traité qui avait été négocié par l’amiral Willes ; et ce ne fut qu’un an après que l’habile représentant de S. M. Britannique en Chine, Sir Harry Parkes, reprit, avec beaucoup d’à propos, les négociations à Séhoul même. Cette seconde fois, la diplomatie anglaise sut profiter de la leçon que lui avait donnée le commerce britannique, au sujet de la première convention ; et elle s’appliqua si bien à défendre ses intérêts économiques, qu’elle finit par obtenir, du gouvernement coréen, toutes les concessions que peut faire, sans s’exposer à de graves complications, un état qui n’est sorti