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anglais et l’autre en chinois. L’exemplaire anglais était revêtu du grand sceau des États-Unis et de la signature du président Arthur. Avant de procéder à l’échange de ces ratifications, une des clauses du traité, qui était restée pendante, fut discutée et rédigée séance tenante ; puis, cette formalité remplie, le Champagne circula, et les deux ministres burent à la santé du roi de Corée et du président des États-Unis,

» Le lendemain, le général Foote, accompagné du personnel de la légation et des officiers de marine, se rendit en grande tenue, au palais royal, où il fut reçu par le roi qui s’entretint pendant plus d’une heure avec lui. Le souverain portait, ce jour-là, une longue robe de soie rouge, avec de grandes manches à la chinoise et des dragons brodés d’or sur la poitrine et les épaules ; sa coiffure était la même que celle de ses ministres. Le soir, un grand banquet fut offert par le ministre des affaires étrangères coréen aux ministres d’Amérique et du Japon. Ce repas réussit parfaitement et le Champagne y coula encore à flots. Enfin le 20 mai au soir, un dîner fut donné au ministère des affaires étrangères, en l’honneur de la mission américaine. »

L’exemple des Américains n’influença en rien la cour de Tokio qui procéda à la revision du traité entre elle et le gouvernement coréen, avec l’intention bien formelle d’obtenir des concessions bien autrement importantes que celles dont s’était contenté le Commodore Shuffieldt. Après de longues négociations, elle arriva à ses fins et se fit concéder, par la Corée, des conditions fort avantageuses ; et, chose curieuse à notre époque, elle les obtint juste au moment où elle réclamait aux gouvernements étrangers le droit d’en enlever la jouissance à leurs nationaux résidant au Japon. L’article 34 de la convention coréo-japonaise de 1883 accorde aux Coréens le droit d’affréter des navires japonais, et l’article 22 accorde à ces derniers le droit de faire du cabotage sur la côte coréenne. Seulement, comme le Mikado voudrait, depuis plusieurs années déjà, défendre aux navires étrangers de faire de l’intercourse entre les ports de ses états, il a tenté de masquer l’incohérence de sa conduite en ajoutant à cet article 22 un paragraphe, sans valeur aucune au point de vue pratique, qui stipule que ledit article 22 sera abrogé de fait le jour où le développement de la marine marchande de la Corée lui permettra de suffire au mouvement du cabotage de ce pays. Quant à la partie de cette convention