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Jenchouang. Ils peuvent y faire du commerce à la condition de payer, aux douanes coréennes, un droit d’importation de 40 p. 100 sur les produits de première nécessité, et de 30 p. 100 sur les marchandises de luxe, telles que le vin, les liqueurs, l’horlogerie, et d’un droit à l’exportation de 9 p. 100. Plus heureux que les Chinois, les Coréens ont obtenu d’abord des Américains, puis des Anglais, le droit d’interdire le trafic de l’opium. Les citoyens de la libre Amérique, qui iront s’établir dans les concessions qui leur seront ouvertes en Corée, seront placés sous la juridiction de leurs consuls, mais seulement jusqu’au moment où l’état de la législation coréenne permettra de supprimer cette loi d’exception.

Comme le traité avait été négocié, grâce à l’intervention du cabinet de Pékin, ce dernier n’a point été oublié dans sa rédaction ; et le premier article stipule que la Corée reste placée sous la dépendance de la Chine, et que le président des États-Unis ne pourra intervenir, en aucune circonstance, entre le suzerain et le vassal.

Une convention aussi favorable aux Coréens n’eut point de peine à être acceptée par eux ; et le 19 mai 1883, le général Foote, premier envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique, près le roi de Corée, procéda à Séhoul, à l’échange des ratifications du premier traité entre la terra incognita de l’Extrême-Orient et les fils de Japhet. Voici le récit que donne le London and China Telegraph de cette solennité.

« Le 19 mai, à trois heures de l’après-midi, le ministre Foote se rendit au ministère des affaires étrangères coréen pour y procéder à l’échange des ratifications, et il y fut reçu par tous les ministres coréens, en tenue de cour. Cette dernière se compose d’une robe de satin vert foncé, descendant de la tête aux pieds, et serrée autour de la taille par une ceinture faite de morceaux de jade ou de bois, suivant le rang de celui qui la porte. Le chapeau est rond au sommet et orné de deux ailes en forme d’éventail, qui se rabattent derrière la tête. Yéou-Mok, président du conseil, et le général Foote s’assirent au bout d’une grande table ; les membres de la légation américaine prirent place à droite, et après eux une rangée de fonctionnaires coréens ; le côté gauche de la table fut occupé par les ministres coréens et les officiers de marine américains.

» Après l’échange de compliments entre le général Foote et Yéou-Mok, on apporta deux exemplaires du nouveau traité, l’un en