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et civile ; droit de cité accordé à tous les individus nés et élevés sur le sol de la république ; réforme de l'organisation des communes dans le sens de l'extension des droits des citoyens réunis en assemblée communale, et d'une diminution correspondante des attributions des maires et des conseils municipaux, etc. ; enfin, abolition de la peine de mort.

Nous saluâmes avec satisfaction, au Locle, ce programme, comme nous avions salué, quelques mois auparavant, celui du mouvement révisionniste zuricois[1] ; et nous résolûmes d'envoyer à Genève notre adhésion motivée.

En même temps que nous lisions dans la Liberté le manifeste genevois, la Voix de l'Avenir du 11 octobre nous apportait une réponse faite à Coullery par le Comité central des Sections de Genève, réponse que Coullery avait été contraint d'insérer. En voici les principaux passages :


Le Comité central a été surpris de voir sur le numéro du 27 septembre une longue série de récriminations à son adresse et aux Sections de Genève ; le but de cet article est de nuire au Comité central vis-à-vis des Sections romandes. Le moyen n'est pas loyal ;... le Comité central proteste de toutes ses forces contre ces attaques.

Il serait trop long de réfuter dans une lettre toutes les attaques et les erreurs de la rédaction, qui fait preuve en cette occasion de peu de connaissance sur l'organisation du Comité central. Nous comprenons parfaitement le mécontentement de la rédaction de voir le journal lui échapper, mais à qui la faute si les choses en sont arrivées à ce point ? à sa mauvaise administration et à son peu d'intérêt pour les travailleurs ; nous sommes unanimes à Genève pour déclarer qu'il ne représente plus les idées ni les principes de l'Internationale, exemple, l'article maladroit sur deux décisions du Congrès de Bruxelles ; cet article est tout à fait en faveur de la politique étroite de la bourgeoisie.

Nous savons par la commission de vérification des comptes du journal comment est tenue la comptabilité de la rédaction ; c'est une véritable confusion à n'y rien comprendre. Nous donnons un démenti formel à la rédaction sur les faits avancés par elle... Le Comité central a fait tout ce qui était en son pouvoir pour amener un bon résultat dans cette affaire ; déjà, à sa demande, les Sections abonnées ont envoyé de forts acomptes à la rédaction, mais aucune n'a refusé de payer ce qu'elle doit... Les réclamations des Sections sont parfaitement fondées, la rédaction en a convenu devant le Comité central.


Cette lettre était signée par le secrétaire correspondant du Comité central, Henri Perret. « Comme on le voit, ce citoyen avait déjà commencé sa longue carrière de secrétaire ; mais alors c'était un révolutionnaire à tous crins. » (Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 34.)

Coullery, en insérant la lettre ci-dessus, la fit suivre d'une longue réponse où il disait, pour se justifier d'avoir parlé de détails du ménage intérieur des Sections :


Vos protestations ne détruiront pas les faits : ce sont donc ces faits qu'il faut faire connaître à tous les membres et au public entier.

  1. Voir ci-dessus p. 60. Ce mouvement avait abouti, dans l'été de 1868, au renversement du régime Alfred Escher et à la réunion d'une Constituante ; mais les illusions que les socialistes de la Suisse française s'étaient faites sur les résultats qu'il serait possible d'obtenir à Zurich furent promptement dissipés. Les socialistes zuricois, au contraire, se cantonnèrent désormais sur le terrain de la lutte légale, et ce sont eux qui tenteront, en septembre 1869, de faire inscrire à l'ordre du jour du Congrès de Bâle la question de la législation directe par le peuple.