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Un certain temps après le Congrès de Lausanne, vers la fin de 1867, le Conseil général, qui n’avait pas publié en 1866, après le Congrès de Genève, comme c’eût été son devoir, le texte des Statuts généraux votés par le premier Congrès de l’internationale, et qui avait laissé ce soin aux Sections et aux journaux de l’Association, s’avisa enfin de les faire imprimer à Londres. Il en publia une édition anglaise : Rules of the International Working Men’s Association, Londres, 1867, conforme au texte anglais voté à Genève, sauf pour l’article 3, dans lequel il incorpora la résolution votée à Lausanne, qui laissait au Conseil le droit de s’adjoindre de nouveaux membres supplémentaires : cette résolution, qui ne s’appliquait, dans la pensée du Congrès, qu’à l’élection de 1867, se trouva ainsi transformée en une disposition statutaire. Il publia également une édition française[1], dont voici le titre : Association internationale des travailleurs. Statuts et règlements, 1866. (Prix, 20 centimes). Imprimerie coopérative internationale, 30, Tavistock Street, Covent Garden, Londres (12 pages in-32). Cette édition était restée inconnue dans les pays de langue française ; j’en ai ignoré l’existence jusqu’en 1905, et c’est cette année-là seulement que je l’ai découverte dans la bibliothèque du Musée social, à Paris (no 6309). Elle ne reproduit pas le texte français voté au Congrès de Genève, qui avait été publié dans la brochure Card, et qui, jusqu’en 1870, fut le seul texte reconnu par les Sections de langue française, constamment reproduit dans leurs journaux et en tête de leurs règlements particuliers ; au lieu de ce texte, seul authentique comme texte français, elle donne une traduction du texte anglais, reproduisant en général celle de la Rive gauche, mais plus approchée que celle-ci en certains passages. Cette édition a été faite avec la plus extraordinaire négligence, au point qu’elle a omis complètement les cinq derniers articles des statuts (articles 7 à 11) et un article du règlement (article 13). Il est bien extraordinaire que le Conseil général se soit cru en droit, sans consulter ni prévenir personne, sans faire aucune mention de la chose dans un des Congrès ultérieurs (à Bruxelles en 1868 et à Bâle en 1869), de substituer ainsi au texte français des Statuts généraux, — dont il connaissait bien l’existence, qu’il savait être le texte voté par le Congrès, le seul texte admis par les Sections de langue française, — une traduction que le titre placé en tête donne, ce qui est absolument contraire à la vérité, comme le texte « voté à la séance du 5 septembre 1866 au Congrès de Genève ». Il n’y a pas d’intérêt, je crois, à reproduire in-extenso le contenu de cette brochure, qui, je le répète, était restée ignorée sur le continent ; je veux toutefois placer ici la version qu’elle donne du préambule des statuts, pour qu’on puisse la comparer, d’une part, avec le texte français de 1864 (devenu le texte officiel de 1866), et d’autre part avec la version de la Rive gauche. La voici :


STATUTS DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS
votés à la séance du 5 septembre 1866 au Congrès de Genève.

Considérant :

Que l’émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ; que leurs efforts pour coinquérir leur émancipation ne doivent pas tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous des droits et des devoirs égaux et d’anéantir (sic) toute domination de classe ;

  1. J’ignore s’il a publié une édition allemande.