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Morago, Marselau, Farga-Pellicer, accusés de faire partie de la société secrète l’Alliance,

Les soussignés déclarent :

1° Que l’Alliance secrète, fondée avec des statuts complètement opposés à ceux de l’Association internationale des travailleurs, a existé, mais qu’il ne lui est pas suffisamment prouvé qu’elle existe encore ;

2° Qu’il est prouvé par un projet de statuts et des lettres signées « Bakounine » que ce citoyen a tenté et peut-être réussi de fonder, en Europe, une société appelée l’Alliance, ayant des statuts complètement différents au point de vue social et au point de vue politique de ceux de l’Association internationale des travailleurs ;

3° Que le citoyen Bakounine s’est servi de manœuvres frauduleuses tendant à s’approprier tout ou partie de la fortune d’autrui, ce qui constitue le fait d’escroquerie[1] ;

Qu’en outre, pour ne pas devoir remplir ses engagements, lui ou ses agents ont eu recours à l’intimidation ; Pour ces motifs, les citoyens membres de la Commission demandent au Congrès :

1° D’exclure le citoyen Bakounine de l’Association internationale des travailleurs ;

2° D’exclure également les citoyens Guillaume et Schwitzguébel, convaincus qu’ils font encore partie de la société dite l’Alliance ;

3° Que dans l’enquête il nous a été prouvé que les citoyens Malon, Bousquet, — ce dernier secrétaire de commissaire de police à Béziers (France)[2] — et Louis Marchand, ayant demeuré à Bordeaux, tous convaincus d’agissements ayant pour but la désorganisation de la Société internationale des travailleurs ; la Commission demande également leur expulsion de la Société ;

4° Qu’en ce qui concerne les citoyens Morago, Farga-Pellicer, Marselau, Alerini et Joukovsky, la Commission, s’en rapportant à leurs déclarations formelles de ne plus faire partie de ladite société l’Alliance, demande que le Congrès les déclare hors de cause[3].

Pour mettre à couvert leur responsabilité, les membres de la Commission demandent que les documents qui leur ont été communiqués, ainsi

  1. Il s’agit de la traduction russe du Kapital, et de la lettre de Netchaïef à l’éditeur Poliakof (voir tome Ier, p. 261). On lira au tome III une protestation contre cette accusation « d’escroquerie et de chantage », protestation datée du 4 octobre 1872 et portant les signatures d’Ogaref, Zaytsef, Ozerof, Ross, Holstein, Ralli, Œlsnitz et Smirnof. — On pourrait croire qu’après trente-quatre ans, la lumière ayant été pleinement faite sur cette affaire, les marxistes auraient renoncé à répéter cette stupide injure. Eh bien, non : dans un livre paru en 1906, M. Sorge la réédite une fois de plus : « Il s’agit — dit-il dans une note ajoutée par lui à une lettre d’Engels du 14 juin 1873 — de l’escroquerie commise par Bakounine, et à laquelle, par égard pour des tiers, il fut fait simplement allusion à la Haye, sans qu’on en publiât le détail ».
  2. Une lettre de Jules Montels, secrétaire de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève, publiée dans le Bulletin du 10 novembre 1872, prit la défense du citoyen Bousquet, républicain énergique, qui n’avait accepté, un moment, de la municipalité républicaine et socialiste de Béziers, en 1871, le poste de commissaire municipal que « par dévouement à la République démocratique et sociale ».
  3. Cette rédaction semblait imputer à crime aux délégués espagnols le fait d’avoir appartenu à la Alianza, — confondue ici, pour les besoins de la cause, avec la Section de l’Alliance de Genève, à laquelle avait appartenu Joukovsky, — la Commission proposant au Congrès de ne les mettre hors de cause que parce qu’ils avaient formellement déclaré ne plus faire partie de cette société. Lorsqu’ils eurent connaissance, par sa publication dans la Liberté, de Bruxelles, du texte exact du rapport, dont ils n’avaient qu’imparfaitement saisi les termes lors de sa lecture à la Haye, les délégués de la Fédération espagnole protestèrent par une lettre en date du 18 septembre, dans laquelle ils déclaraient « s’être toujours tenus pour honorés d’avoir contribué à la propagande de l’Alliance » (Bulletin du 15 octobre 1872).