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n’exercera ce droit qu’après avoir consulté préalablement le conseil fédéral respectif.

Dans le cas de la dissolution d’un conseil fédéral, le Conseil général devra demander en même temps aux sections de la fédération d’élire un nouveau conseil fédéral dans trente jours au plus.

Dans le cas de la suspension de toute une fédération, le Conseil général devra immédiatement en aviser toutes les fédérations. Si la majorité des fédérations le demande, le Conseil général devra convoquer une Conférence extraordinaire, composée d’un délégué par nationalité, qui se réunira un mois après, et qui statuera définitivement sur le différend.

Néanmoins il est bien entendu que les pays où l’Internationale est prohibée exerceront les mêmes droits que les fédérations régulières.


Ce fut en séance privée, le vendredi après-midi, que l’on désigna le siège du nouveau Conseil général. Par 26 voix contre 23, avec 9 abstentions[1], il fut d’abord décidé que le siège du Conseil général serait changé. Marx, qui avait promis aux blanquistes de voter pour le maintien du Conseil à Londres, les trahit, et donna sa voix pour le changement, ainsi qu’Engels et que ses principaux affidés, Lafargue, Longuet, Lessner, Kugelmann, Dupont, Le Moussu, Maltman Barry[2]. Quatre membres de la minorité, Belges et Hollandais, Herman, Splingard, Gerhard, Van der Hout, votèrent, avec les cinq blanquistes, Arnaud, Cournet, Dereure, Ranvier et Vaillant, pour le maintien du Conseil à Londres, ainsi que quatorze membres de la majorité[3]. Eccarius et une partie des Anglais, obligés de rentrer à Londres, avaient déjà quitté le Congrès.

Ensuite Engels, en son nom et en celui de Marx et de sept autres délégués, proposa New York comme siège du Conseil général. Si Marx avait précédemment insisté pour conserver le Conseil à Londres, c’est qu’il redoutait de le voir transférer en Suisse ou en Belgique ; mais l’idée — de qui était-elle venue ? je l’ignore — de le placer en Amérique dut lui paraître un trait de génie, et, s’il n’en fut pas lui-même l’inventeur, il l’adopta avec enthousiasme : à New York, pensait-il, le Conseil général, qui sera sous la férule de mon ami Sorge, obéira toujours à mon influence, et j’aurai en même temps l’air de ne me plus mêler de rien et d’avoir donné un grand exemple d’abnégation personnelle. Mais Marx, malgré sa finesse, n’avait pas senti une chose : c’est que, tout en roulant les blanquistes et en croyant faire un coup de maître destiné à éterniser sa domination sur le Conseil général, il faisait — surtout ! — les affaires de la minorité, qui raisonna ainsi : « Une fois le Conseil général placé de l’autre côté de l’Atlantique, ce sera pour nous, en fait, comme s’il n’existait plus, et l’on va nous fournir la plus belle occasion de prouver, d’une façon pratique, qu’on peut se passer de Conseil général ».

Et, en réalité, ce furent neuf membres de la minorité, Anglais, Belges et Hollandais, qui, en joignant leurs voix à celles de Marx et de ses amis, donnèrent la majorité pour le choix de New York : il y eut 30 voix pour

  1. Les neuf abstenants sont des membres de la minorité : Alerini, Cyrille, Eberhardt, Farga Pellicer, Fluse, Guillaume, Marselau, Morago, Schwitzguébel.
  2. Les dix-sept autres délégués qui votèrent pour le changement, avec les neuf que je viens de nommer, sont : J.-Ph. Becker, Cuno, Dumont (Faillet), Johannard, Mac Donnell, Serraillier, Sorge, Swarm [d’Entraygues|, Vichard, Wroblewski, de la majorité ; Brismée, Dave, Harcourt, Roach, Sauva, Sexton, Van den Abeele, de la minorité.
  3. Ces quatorze délégués sont Bernhard Becker, Duval, Farkas, Fränkel, Friedländer, Heim, Hepner, Lucain (pseudonyme), Ludwig, Milke, Pihl, Schumacher, Wilmot (pseudonyme), Walter [Van Heddeghem]. — Sur Ludwig, voir plus loin p. 350.