Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/628

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Martin[1], proposa d’exclure Mesa, Pagès et Lafargue, pour avoir publié des écrits et propagé des idées contraires aux aspirations de cette Section. L’expulsion fut votée, et confirmée le 9 juin par la Fédération madrilène réunie en assemblée générale. Dans cette assemblée du 9, pour défendre les expulsés, « divers membres de l’ancien Conseil fédéral dénoncèrent l’existence de la Alianza en Espagne, dévoilèrent son organisation et l’accusèrent d’être la cause de toutes les dissensions qui avaient surgi entre le Conseil local de Madrid et l’ancien Conseil fédéral » (Lafargue) ; Lafargue accusa Morago d’appartenir à une société secrète dont le but était contraire à celui de l’Internationale, société « qui a son centre en Suisse, d’où viennent les titres d’affiliation, les consignes et les instructions secrètes » ; à l’appui de l’accusation, on affirma que des cartes de membres de l’Alliance avaient été envoyées de Genève à Morago, à Córdova y López et à Rubau Donadeu[2]. La Fédération madrilène chargea une commission d’enquête d’examiner l’accusation portée contre Morago, et de faire un rapport.

V


La « Circulaire privée » du Conseil général. Les prétendues scissions dans l’Internationale (juin). — Le Conseil général convoque (10 juillet) un Congrès général à La Haye. — En Belgique : projet de revision des Statuts généraux ; Congrès de Bruxelles (14 juillet). — En Espagne : lettre d’Engels (24 juillet) ; dénonciation publique contre les membres de la Alianza (28 juillet). — En Italie : Conférence de Rimini et constitution de la Fédération italienne (4 août). — En France : les proconsuls marxistes. — En Amérique : les deux Conseils fédéraux (Spring Street et Tenth Ward Hôtel). — Dans le Jura : Congrès de la Chaux-de-Fonds (18 août).


Au commencement de juin, on distribua en Suisse, dans les milieux où donnaient le ton les affidés de la coterie de Londres, des exemplaires d’un imprimé confidentiel (une brochure de quarante pages) dirigé contre nous. Cette brochure nous fut communiquée par des tiers, et le Bulletin du 8 juin annonça en ces termes l’apparition de ce triste écrit :


On nous communique un grossier libelle qui s’intitule Les prétendues scissions dans l’Internationale, circulaire privée du Conseil général de l’Association internationale des travailleurs. Ce document est daté de Londres, 5 mars 1872, et, entre autres signatures, il porte celles d’amis dont la bonne foi a dû être surprise, si réellement ces signatures sont authentiques[3]... Nous y reviendrons.


Veut-on savoir l’histoire de « l’ignominieuse facétie qui figurera si honteusement dans les œuvres du penseur Marx à côté du beau livre Das

  1. Les auteurs du libelle L’Alliance ont prétendu (p. 34) que Felipe Martin « servait le parti républicain comme agent électoral ». Ils portent la même accusation contre Miguel Pino, de Malaga, cet « apôtre » auquel, après trente ans, Anselmo Lorenzo a adressé l’hommage de son admiration (voir ci-dessus p. 274). L’imputation faite à Pino étant calomnieuse, il est probable qu’il en est de même de celle qui concerne Martin. Ce dernier, du reste, n’a pas appartenu à la Alianza.
  2. Il était parfaitement exact que ces cartes, constatant que ces trois citoyens avaient été admis comme membres de la Section de l’Alliance de Genève (reconnue comme Section de l’Internationale par le Conseil général de Londres), leur avaient été envoyées. Il eût fallu ajouter que F. Mora se trouvait en possession d’une carte identique.
  3. « La brochure portait les signatures de tous les membres du Conseil général... À ce qu’il paraît, l’usage s’était établi, au Conseil général, d’autoriser le sous-comité du Conseil à placer les signatures du Conseil entier au bas des documents émanant dudit sous-comité. » (Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 237.)