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9 janvier 1872 à sa jeune amie Élise Grimm, qui se trouvait à ce moment en Angleterre et lui avait demandé des renseignements, appréciait ainsi l’action du Conseil général en France : « Serraillier écrit des lettres ignobles où, à défaut de raisons, il insulte et ne fait que des personnalités. Le Moussu est un sinistre ridicule. Les hommes sérieux, Theisz, Avrial, etc., se sont retirés, ne pouvant approuver les agissements de ce Conseil, dont Karl Marx est le mauvais génie. »

III


Le Bulletin de la Fédération jurassienne (15 février 1872).— Kropotkine à Genève et dans le Jura (mars). — Progrès de L’Internationale en Italie. — Lafargue en Espagne : la Alianza, querelles à Madrid. — La situation en Allemagne.


Comme il avait été décidé, le premier numéro du Bulletin de la Fédération jurassienne parut le 10 février 1872. Il avait été autographié par le communard Huguenot, qui, ayant une jolie écriture, nous avait obligeamment offert ses services. L’avis placé en tête disait :


La Révolution sociale, dont le centre d’action devait être surtout la France, et qui s’est vu fermer entièrement l’accès de ce pays, ayant dû, pour ce motif, cesser de paraître, la Fédération jurassienne a chargé son Comité fédéral de publier, deux fois par mois, un Bulletin autographié, qui sera, jusqu’à nouvel ordre, l’organe officiel de notre Fédération. Ce Bulletin… aura pour mission de propager les principes de l’Internationale dans la région jurassienne ; de servir de lien entre les Sections fédérées ; et enfin de renseigner toutes les Fédérations de notre grande Association sur ce qui se passe au sein de la Fédération jurassienne, de manière à ce qu’elles connaissent nos principes, nos sentiments et nos actes directement par nous-mêmes. Une fois mises ainsi en relations directes avec nous, les Fédérations de l’extérieur sauront exactement à quoi s’en tenir sur les attaques dont nous sommes l’objet, et elles pourront juger d’une manière certaine si la Fédération jurassienne a un autre but et un autre programme que celui qui doit rester, sous peine de déchéance et de mort, le but et le programme de l’Internationale : Émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes.


Ce numéro contenait un article intitulé Le Congrès de Sonvillier et sa véritable signification. Il reproduisait ensuite les résolutions du Congrès belge des 24-26 décembre, et la lettre du Comité fédéral jurassien au Conseil général belge, du 7 février. À la 4e page, un article flétrissait la conduite d’Albert Richard et de Gaspard Blanc ; le voici :


Deux traîtres.

Deux internationaux lyonnais, Albert Richard et Gaspard Blanc, viennent de passer au service de Bonaparte. Ils ont cru devoir annoncer au monde ce bel exploit par une brochure intitulée L’Empire et la France nouvelle, où ils développent la théorie du socialisme impérial.

Un de nos amis[1] écrit à ce sujet :

« Je viens d’apprendre la trahison de Robert Macaire-Richard et de son Bertrand Gaspard Blanc. Ce sont des canailles de la plus vile

  1. C’est Bakounine.