Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/593

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

belge, et de se préparer ainsi, pour le prochain Congrès général régulier, à une revision sérieuse de nos Statuts généraux, en tenant compte des expériences faites depuis la fondation de l’Association.

Le Conseil régional belge rendra service à l’Association s’il envoie à chaque Fédération le projet de Statuts généraux qu’il est appelé à élaborer. Le développement de l’organisation de l’Internationale en Belgique le rend plus à même qu’aucun autre Conseil régional de présenter un projet qui puisse servir de base de discussion à toutes les Fédérations.

Nous vous saurons gré de donner à la présente pièce toute la publicité possible, afin de couper court aux fausses interprétations qui ont été faites de la circulaire du Congrès de Sonvillier.

Au nom de la Fédération jurassienne,

Les membres du Comité fédéral.

Sonvillier (Jura bernois, Suisse), le 7 février 1872[1].


Une question d’une importance capitale pour nous demandait une solution immédiate : la Fédération jurassienne ne pouvait pas rester sans organe. J’avais étudié les conditions de publication d’un bulletin autographié, de quatre pages à deux colonnes, tiré sur du papier à lettres format coquille ; et j’avais calculé que, l’autographie devant être faite gratuitement par l’un des nôtres, les frais du tirage lithographique et le coût du papier ne dépasseraient pas dix francs. Je communiquai mon plan au Comité fédéral, qui l’adopta. Il fut convenu que ce bulletin paraîtrait deux fois par mois, au prix de 4 francs par an ; que le tirage se ferait à Neuchâtel (à la lithographie Furrer), et que la rédaction et l’administration seraient au siège du Comité fédéral. Par une circulaire en date du 5 février, l’autorisation nécessaire fut demandée aux Sections, qui l’accordèrent ; et l’apparition du premier numéro du Bulletin de la Fédération jurassienne fut fixée au 15 février 1872.

Je note en passant que, dans le courant de février, Malon quitta Genève et vint s’établir pour quelques mois à Neuchâtel. La raison qu’il donna de ce changement de domicile était qu’il voulait faire l’apprentissage du métier de vannier en devenant l’élève de l’excellent Gaffiot, du Creusot, qui, depuis quelques mois, pour tresser ses paniers, s’était installé à Neuchâtel, dans un petit atelier situé aux Cassardes, au-dessus de la ville. Mais il y avait au départ de Malon de Genève un tout autre motif, que nous ne connûmes que plus tard : c’était une brouille, amenée par une cause d’ordre intime, avec la famille Perron, qui l’avait si affectueusement reçu lors de son arrivée.

En France, grâce aux efforts de ceux qui, n’ayant pas été proscrits, avaient pu continuer à travailler dans leurs ateliers et à vivre au milieu de leurs camarades, grâce aussi à l’active propagande faite par la correspondance des réfugiés, l’Internationale se réorganisait. Dans son premier numéro (15 février), résumant les nouvelles que nous recevions, notre Bulletin put dire : « Malgré la terreur tricolore et les rigueurs de l’état de siège dans les départements où étaient parfaitement organisées les fédérations ouvrières, l’Internationale reprend une nouvelle vigueur en France. Des groupes se forment partout, non seulement dans les centres connus pour leurs tendances socialistes, mais encore dans des villes où aucune Section n’avait existé jusqu’à ce jour. » Le Conseil général, de son côté, se livrait en France à une propagande active ; mais c’était surtout une propagande contre nous ; son secrétaire pour la France, Serraillier, et quelques autres, écrivaient de nombreuses lettres pour décrier les hommes mal vus par la coterie de Londres. Mme André Léo, dans une lettre du

  1. J’emprunte le texte de cette lettre au no 1 du Bulletin de la Fédération jurassienne.