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Les six délégués belges étaient De Paepe et Verrycken, délégués du Conseil fédéral belge ; Fluse, délégué de la Fédération de la vallée de la Vesdre ; Steens, délégué de la Fédération du Centre ; Coenen, délégué de la Section d’Anvers ; et Herman, membre du Conseil général, délégué de la Section de Liège.

Les deux délégués suisses étaient MM. Outine et H. Perret. Le premier, membre de cette Section russe de Genève qui paraissait être si fort avant dans la confidence de Marx, avait reçu des pleins-pouvoirs, sans aucune instruction, de la Section allemande de Genève. Le second, H. Perret, n’était pas délégué par les Sections genevoises ; il avait cependant un mandat signé par le Comité fédéral de Genève, et voici comment. L’assemblée générale des Sections de Genève avait nommé pour délégué à Londres Grosselin, par 150 voix environ contre 28 seulement qu’avait obtenues H. Perret ; en même temps temps l’assemblée avait alloué à Grosselin une somme de trois cents francs pour frais de voyage. À la veille du départ. Grosselin déclara que cette somme était insuffisante et qu’il lui fallait quatre cent cinquante francs ; n’ayant pu obtenir cette augmentation, il refusa le mandat. C’est alors qu’on ne sait qui remit, on ne sait quand ni comment, le droit de représenter la Fédération genevoise à H. Perret, qui voulut bien se contenter des trois cents francs votés[1]. On peut juger de quelle façon les aspirations du prolétariat suisse se trouvaient représentées par ces deux messieurs, qui allaient être appelés à donner à la Conférence des renseignements véridiques sur le conflit de la Fédération romande.

L’Espagnol était Anselmo Lorenzo, membre du Comité fédéral espagnol. C’était le seul délégué qui eût un mandat impératif, et il apportait à la Conférence un travail sérieux, élaboré par une réunion de délégués des Sections espagnoles. Ce travail, dont le contenu aurait pu gêner les décisions prises d’avance par Marx et ses amis, fut escamoté sous prétexte de le traduire. On profita de la « connaissance insuffisante » que le délégué avait des langues autres que l’espagnol ; on s’arrangea pour dire que son projet viendrait comme amendement à celui du Conseil général (!), et il n’en a plus été question que dans le paragraphe 3 de l’article XIII des prétendues résolutions de la Conférence[2], paragraphe dans lequel on mettait insolemment au panier, avec accompagnement d’eau bénite de cour, les vœux clairement énoncés de toute une Fédération[3].

Quant aux treize délégués membres du Conseil général et nommés par lui, il y en avait sept qui siégeaient à titre de secrétaires correspondants des différents pays non représentés à la Conférence : c’étaient Engels pour l’Italie, Marx pour l’Allemagne, Eccarius pour l’Amérique, Hales pour l’Angleterre, Rochat pour la Hollande, Cohn pour le Danemark, et Zabicki pour la Pologne. Outre ces sept-là, le Conseil général avait désigné six autres de ses membres pour le représenter, lui ; et parmi ces six les trois premiers étaient censés

  1. Cette historiette a été tirée du Mémoire justificatif de Robin, qui l’avait extraite d’une lettre à lui écrite par Joukovsky le 13 septembre. Dans le Mémoire de la Fédération jurassienne, on a imprimé que Grosselin avait eu 200 voix ; j’ai rectifié cette erreur d’après le texte de la lettre de Joukovsky, où il est parlé de « 200 votants, avec 150 voix pour Grosselin, 28 pour Perret ».
  2. On trouvera ce paragraphe plus loin (p. 208).
  3. Cet alinéa est également tiré du Mémoire de Robin.