Puis, prenant énergiquement en main la défense du prolétariat parisien et de l’Internationale, il écrit cette page éloquente :
Aujourd’hui Mazzini vient d’outrepasser la mesure. Toujours de bonne foi et toujours inspiré par un idéalisme aussi fanatique que sincère, il a commis deux crimes qui, à nos yeux, aux yeux de toute la démocratie socialiste de l’Europe, sont impardonnables.
Au moment même où la population héroïque de Paris, plus sublime que jamais, se faisait massacrer par dizaines de milliers, avec femmes et enfants, en défendant la cause la plus humaine, la plus juste, la plus grandiose qui se soit jamais produite dans l’histoire, la cause de l’émancipation des travailleurs du monde entier ; au moment où l’affreuse coalition de toutes les réactions immondes… déverse sur eux toutes les calomnies qu’une turpitude sans bornes peut seule imaginer, Mazzini, le grand, le pur démocrate Mazzini, tournant le dos à la cause du prolétariat et ne se rappelant que sa mission de prophète et de prêtre, lance également contre eux ses injures !…
Depuis qu’il a commencé à agir, Mazzini n’a cessé de répéter au prolétariat de l’Italie et de l’Europe ces paroles qui résument son catéchisme religieux et politique : « Moralisez-vous, adorez Dieu, acceptez la loi morale que je vous apporte en son nom, aidez-moi à établir une république fondée sur le mariage (impossible) de la raison et de la foi, de l’autorité divine et de la liberté humaine, et vous aurez la gloire, la puissance, et, de plus, vous aurez la prospérité, la liberté et l’égalité ».
Le socialisme leur dit, au contraire, par la bouche de l’Internationale :
« Que l’assujettissement économique du travailleur à l’accapareur des matières premières et des instruments de travail est la source de la servitude dans toutes ses formes : misère sociale, dégradation morale, soumission politique, et
« Que, pour cette raison, l’émancipation économique des classes ouvrières est le grand but auquel tout mouvement politique doit être subordonné comme un simple moyen[1]. »
Telle est dans sa simplicité la pensée fondamentale de l’Association internationale des travailleurs.
On comprend que Mazzini ait dû la maudire : et c’est le second crime que nous lui reprochons.
L’impression en Italie fut considérable. Mazzini n’essaya pas de riposter, mais le journal mazzinien l’Unità italiana publia quelques articles contre Bakounine en août et septembre. Il sera parlé plus loin de la suite de cette polémique.
Il faut maintenant revenir aux répugnantes intrigues de Londres. Je copie la suite du manuscrit de Robin[2] :
Les ordres du jour étant très chargés, mon interpellation fut plusieurs fois remise ; mais malgré toute ma bonne volonté, je ne pus m’empêcher de voir que cela devenait systématique. Je savais par
- ↑ Bakounine, comme précédemment dans le manuscrit Protestation de l’Alliance (fragment publié dans l’Almanach, du peuple pour 1872 ; voir plus loin, chap. II de la Quatrième Partie, p. 258, note 1), cite d’après la version imprimée dans le Socialiste de Paris du 11 juin 1870.
- ↑ Voir plus haut pages 158-160.