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Art. 4. — L’État, étant déchu, ne pourra plus intervenir dans le paiement des dettes privées.

Art. 5. — Toutes les organisations municipales existantes sont cassées et remplacées dans toutes les communes fédérées par des Comités du Salut de la France, qui exerceront tous les pouvoirs sous le contrôle immédiat du peuple.

Art. 6. — Chaque Comité de chef-lieu de département enverra deux délégués pour former la Convention révolutionnaire du Salut de la France.

Art. 7. — Cette Convention se réunira immédiatement à l’hôtel de ville de Lyon, comme étant la seconde ville de France et la plus à portée de pourvoir énergiquement à la défense du pays.

Cette Convention, appuyée par le peuple entier, sauvera la France.

Aux armes !!!

E.-B. Saignes, Rivière, Deville, Rajon (de Tarare), François Favre, Louis Palix, B. Placet, Blanc (G.), Ch. Beauvoir, Albert Richard, F. Bischoff, Doublé, H. Bourron, M. Bakounine, Parraton. A. Guillermet, Coignet aîné, P.-J. Pulliat, Latour, Guillo, Savigny, J. Germain, F. Charvet, A. Bastelica (de Marseille), Dupin (de Saint-Étienne), Narcisse Barret.

Lyon, Association typographique. — Regard, rue de la Barre, 12.


On a reproché à Bakounine d’avoir mis son nom au bas de l’affiche rouge, et allégué que par là il fournissait à la presse réactionnaire une arme, dont elle ne manqua pas, en effet, de se servir : elle put affirmer désormais, avec une apparence de raison, que le mouvement socialiste était suscité par des émissaires de l’étranger. Il avait parfaitement senti lui-même que la présence de sa signature sur ce document pouvait avoir certains inconvénients, et il en avait parlé à ses amis ; mais ceux-ci avaient insisté pour qu’il signât, en lui affirmant que son nom donnerait à l’affiche un caractère bien nettement révolutionnaire et international. Une autre considération influa sur sa décision ; s’il n’avait pas signé, n’eût-on pas dit qu’il avait laissé ses amis s’exposer seuls, qu’il avait refusé de partager avec eux la responsabilité de l’appel aux armes ? Je ne m’attarderai pas à discuter ici le pour et le contre : qu’il suffise de faire observer que ceux qui ont fait un grief à Bakounine d’avoir signé l’affiche de Lyon ont, au contraire, trouvé — avec raison — très méritoire l’acte de Léo Frankel, Juif et Hongrois, acceptant la candidature aux élections de la Commune de Paris.

La municipalité lyonnaise venait de réduire de trois francs à deux francs cinquante la paie des ouvriers des chantiers nationaux. Les révolutionnaires résolurent de profiter de la circonstance pour organiser une démonstration des ouvriers des chantiers qui coïnciderait avec l’exécution du coup de main sur l’hôtel de ville préparé par le Comité central du Salut de la France. Une réunion à laquelle avaient été appelés tous les travailleurs des chantiers nationaux eut lieu à la Rotonde, le mardi 27 au soir, et rendez-vous général fut pris pour le lendemain 28, à midi, sur la place des Terreaux.

Dans la séance du Comité central du Salut de la France qui eut lieu le même soir, et à laquelle assistaient aussi les membres du Comité central fédératif[1], on arrêta l’organisation du mouvement du lendemain. Velay,

  1. C’était un Comité constitué le 17 septembre sous le nom un peu long de « Comité central d’initiative révolutionnaire, démocratique, fédératif, » et composé de délégués de divers groupes républicains.