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II


Suite de la querelle entre Genève et les Montagnes. — Le Congrès de Stuttgart (4 Juin 1870). — L’Internationale à Paris : le Socialiste (11 et 18 juin) ; troisième procès. — L’Internationale en Espagne : Congrès de Barcelone (19 juin). — Rupture de Bakounine avec Netchaïef (juillet).


Nous avions résolu de faire encore une tentative pour rapprocher l’une de l’autre, en dépit des haines d’Outine et de Coullery, les deux moitiés de la Fédération romande. La Section de Vevey nous paraissait particulièrement bien placée, par sa situation géographique, pour servir de trait d’union : d’accord avec nous, nos amis veveysans convoquèrent pour le dimanche 8 mai un grand meeting, en invitant toutes les Sections internationales de la Suisse romande à s’y faire représenter. À l’ordre du jour de ce meeting fut placé ce sujet : « De l’Association internationale, de son but, et de ses moyens d’action ».

Bien que la Section de Vevey fît partie de notre groupe, l’Égalité consentit à reproduire l’appel des Veveysans, et les Sections de Genève se décidèrent à envoyer, comme nous, des délégués à la réunion. La Solidarité du 7 mai fit ressortir en ces termes l’importance de l’assemblée du lendemain :


Meeting de Vevey.

Nous recommandons d’une façon pressante à toutes les Sections d’envoyer des délégués au meeting que donneront demain les Sections de Vevey.

Si les délégués viennent en grand nombre de tous les points de la Fédération romande, le meeting pourra avoir un résultat plus réjouissant encore que la propagande locale : il pourra devenir un premier pas vers l’union des Sections qui se sont si malheureusement séparées.

Le Comité fédéral [du Jura] envoie au meeting deux délégués. Spichiger et Heng ; ils sont chargés de porter à tous les internationaux qui assisteront à la réunion des paroles de conciliation et de fraternité.

Nous faisons les vœux les plus ardents pour que tous ceux qui viendront au meeting remportent de cette assemblée la ferme résolution de travailler activement, et en laissant de côté toute animosité personnelle, à reconstituer dans toute son étendue le faisceau de la Fédération romande.

Le meeting sera en même temps une occasion de protester contre la conduite ignoble de la police française envers nos frères de l’Internationale.


Le meeting s’ouvrit à deux heures dans le jardin de l’Hôtel du Plan. J’avais été délégué, avec le monteur de boîtes Bétrix, par les Sections de Neuchâtel ; notre Comité fédéral était représenté par Spichiger, du Locle, et Heng, de la Chaux de-Fonds ; Joukovsky était venu de Genève. Les Sections genevoises du Temple-Unique avaient envoyé Grosselin, Henri Perret, Rossetti, Tellier, et le patriarche J.-Ph. Becker, dont je reçus ce jour-là, pour la dernière fois, l’accolade habituelle. Le meeting fut présidé par Heng. Au début de la réunion, Becker parla d’une grève qui venait d’éclater à Genève parmi les ouvriers tuiliers ; après qu’il en eut raconté les incidents, le meeting vota, sur ma proposition, une résolution flétrissant la conduite des patrons tuiliers ; puis, sur la proposition de Spichiger, une collecte fut faite en faveur des grévistes. L’ordre du jour