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1° D'envoyer un délégué au Congrès de la Suisse romande pour protester contre le Comité fédéral qui l'a repoussée, et pour demander sa reconnaissance au Congrès, aussi bien que de son délégué ;

2° D'exprimer sa sympathie et de demander l'amitié de la Section de propagande de la Chaux-de-Fonds.

Joukovsky vous dira en détail que parmi les raisons qui ont servi au Comité fédéral de prétexte pour refuser la Section de propagande était celle-ci : « Si nous acceptions la Section de propagande de la Chaux-de-Fonds, nous devrons accepter celle de l'Alliance ; et ayant repoussé cette dernière, nous devons repousser l'autre». C'était tout à fait logique. Seulement, pour être plus logiques encore, ils devraient également abolir la Section centrale de Genève.

Conclusion : la cause de la Section de l'Alliance est inséparable de celle de la Section de propagande. L'Alliance joindra sa protestation à celle de cette Section, et elles doivent être soutenues et doivent triompher ensemble.

Je compte pour cela sur toi et tous les amis.

La question de l'acceptation des délégués de la Section de l'Alliance et de celle de la propagande doit être la première, pour qu'ils puissent discuter et voter, et vous donner des voix.

Coullery doit être foutu.

Outine vous fera des avances, repoussez-les ; il est l'espoir de Perret. Il est perfide, flatteur, insinuant ; que toute la phalange des vôtres le repousse ; ce sera de la bonne et juste pratique, cela. Quelque nul qu'il soit par son intelligence, par son esprit d'intrigue il est très dangereux. Repoussez l'espoir de Perret.

Quand il verra battre Perret, il sera capable de parler dans votre sens et de voter avec vous ; laissez-le voter avec vous, mais défiez-vous-en et repoussez-le ; je le dis parce que je le connais.

M. Bak.


Par l'intermédiaire de J.-Ph. Becker, — qui jouait double jeu, et qui, membre encore à ce moment de la Section de l'Alliance, intriguait avec nos ennemis, — Outine était entré en rapports personnels avec Marx. Il avait reçu récemment de celui-ci une lettre le chargeant de recueillir des faits et des documents contre Bakounine[1]. Naturellement il avait accepté avec joie cette tâche glorieuse, dans laquelle devaient l'aider quelques anciens membres de l'Alliance, tels que Guétat et Duval. Et Marx se croyait déjà assez sur de pouvoir accabler celui qu'il regardait, depuis le Congrès de Bâle, comme un adversaire qu'il fallait perdre à tout prix, pour se risquer à écrire contre lui, en sa qualité officielle de correspondant du Conseil général pour l'Allemagne, une dénonciation calomnieuse et secrète, la Confidentielle Mittheilung du 28 mars 1870, qu'il adressa à son affidé le

  1. « Déjà au printemps de 1870, je savais — M. Outine, un petit juif russe qui par toutes sortes de vilenies s'efforce de se faire une position dans cette pauvre Internationale de Genève, l'ayant raconté à qui voulait l'entendre — que M. Marx lui avait écrit une lettre confidentielle dans laquelle il lui recommandait de recueillir contre moi tous les faits, c'est-à-dire tous les contes, toutes les accusations aussi odieuses que possible, avec des apparences de preuves, en ajoutant que si ces apparences étaient plausibles on s'en servirait contre moi au prochain Congrès. » (Lettre de Bakounine, destinée, mais non envoyée, à la Liberté de Bruxelles, Zurich, 5 octobre 1872 ; le manuscrit en a été retrouvé par Nettlau et imprimé par lui en 1801 dans la Société nouvelle, Bruxelles, 10e année, t.II, p. 5.)