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Conseils régionaux belge et romand en Belgique et en Suisse ? de cette façon le Conseil général pourrait réserver toute son activité aux affaires générales de l'Internationale, besogne qui nous paraît déjà immense, et qui s'accroît encore chaque jour. » Enfin, le 11 décembre (n° 47), il disait, à propos d'un manifeste du Conseil général relatif au mouvement fénian en Irlande, qu' « il aurait aimé recevoir en même temps une explication qui en fît comprendre l'opportunité » ; puis, revenant à la charge, il exhortait le Conseil à renoncer à assumer les fonctions de centre fédéral des sociétés anglaises : « Nous trouvons ce cumul très fâcheux. Remplir deux tâches aussi difficiles est au-dessus des forces d'hommes qui ont encore à s'occuper de gagner leur vie. L'une d'elles doit nécessairement nuire à l'autre, et c'est ce qui arrive en ce moment. Si le Conseil siégeant à Londres administre parfaitement les affaires locales de la Grande-Bretagne, point sur lequel nous n'avons aucun avis à émettre, il est certain qu'il néglige des choses extrêmement importantes au point de vue général de l'Internationale. » Cette négligence dont le Conseil s était rendu coupable, c'était l'omission de la note mensuelle qu'il devait envoyer aux journaux ; et Robin le morigénait sur ce point en ces termes : « Dans le n° 42 de l’Égalité, nous avons indiqué les obligations dudit Conseil, relativement au bulletin ; nous n'avons rien vu venir. Nous les lui rappelons avec l'article 1er du règlement annexé aux Statuts généraux : « Le Conseil général est obligé d'exécuter les résolutions des Congrès ». Nous prions pour la seconde fois nos confrères de se joindre à nous pour rappeler au Conseil siégeant à Londres ses obligations comme Conseil général de l'Internationale, et de l'engager avec nous à se débarrasser de la partie relativement secondaire de sa besogne, en poussant à la création d'un Conseil régional anglais. » Et il terminait par une nouvelle demande, qui était en réalité une marque de déférence envers le Conseil général, mais qui, dans la forme où elle était présentée, semblait encore une taquinerie : « Nous aurions assez de questions à poser au Conseil général pour que ses réponses constituent un assez long bulletin. Elles viendront plus tard. En attendant, nous nous contenterons de nous joindre au Progrès, du Locle[1], pour le prier de nous éclairer sur la fameuse question Liebknecht-Schweitzer, qui a occupé au Congrès plusieurs heures dans les séances administratives, et même dans les séances publiques[2], et qui, d'après les journaux, paraît être l'unique préoccupation des travailleurs de l'Allemagne. Les ouvriers de ce pays sont partagés en deux groupes, dont les chefs, tous deux siégeant au Parlement bourgeois, s'accablent l'un l'autre d'accusations qu'il ne nous plaît pas de reproduire. Autant qu'il leur est permis d'en être avec les lois locales, ces deux groupes sont de l'Internationale. Puisqu'il paraît que les ouvriers allemands ne peuvent pas, hélas ! se dispenser de suivre quelqu'un, quel est celui des deux groupes qui suit un intrigant ? Sous ce rapport, au Congrès, nous n'avons entendu qu'une cloche. Nous ne préjugeons rien, nous ne voulons pas dire que ce ne soit pas la bonne, mais nous voudrions entendre l'autre. Mieux encore, nous demandons l'avis éclairé et impartial du Conseil général, afin de saisir parfaitement quels sont nos amis et nos ennemis. Nous espérons que notre excellent confrère le Travail, qui a publié récemment une correspondance en faveur de M. de Schweitzer, se joindra au Progrès et à nous pour obtenir cet indispensable éclaircissement. »

Cet article, par la façon dont les choses y étaient dites, constituait

  1. Lire l'article dans le n° 25 du Progrès. (Note de l’Égalité.)
  2. Liebknecht avait parlé longuement de la guerre que se faisaient les deux fractions du parti socialiste allemand, dans la séance publique du 7 septembre. Il avait dit : « Au dernier congrès d'Eisenach, les démocrates socialistes, c'est-à-dire ceux qui ne veulent pas séparer la question politique de la question sociale, ont complètement rompu avec les socialistes du parti de M. Schweitzer, qui croient que les réformes sociales sont compatibles avec le gouvernement de Bismarck. » (Compte-rendu, page 35.)