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gonisme entre les paysans et les ouvriers n'y existe pas. Les paysans désirent une révolution encore plus que les ouvriers des villes. En Catalogne, c'est un fait connu que les paysans sont communistes... . Vous le voyez, les nouvelles que j'ai à vous donner sont bonnes, et je serai heureux d'avoir à en rapporter de vous de bonnes aussi à mon retour à Barcelone. »

Guillaume, de Neuchâtel, remercie Sentiñon... « L'exemple des ouvriers espagnols, dit-il, est digne d'être imité ;... ils ont refusé de se laisser entraîner sur le terrain de la politique telle que l'entend le parti républicain. Malheureusement, dans plusieurs pays, les ouvriers ne comprennent pas encore clairement la question sociale, et se montrent moins sages que les Espagnols ; ainsi en Hollande, dans le meeting tenu dernièrement à Rotterdam, les ouvriers ont décidé que la chose la plus importante pour eux était d'obtenir le suffrage universel ! Que ne font-ils comme leurs voisins les Belges, qui ne perdent pas leur temps à réclamer une souveraineté populaire illusoire et qui consacrent toute leur énergie à organiser fortement l'Internationale. Ici, en Suisse, nous devrions savoir que le suffrage universel est absolument impuissant contre les abus sociaux, et que l'ouvrier, lorsqu'il croit exercer un droit en allant voter, ne fait que donner son assentiment à un régime organisé pour maintenir les privilèges de la classe bourgeoise... »

Heng, de la Chaux-de-Fonds, parle de la crise que traverse en ce moment la Section de cette localité. Cette crise est venue des alliances politiques contractées par certains soi-disant socialistes, dont nous nous séparons hautement... On trouve encore à la Chaux-de-Fonds trop d'esprit de clocher ; on n'a pas ce sentiment véritablement international, qui doit faire prendre intérêt aux luttes et aux souffrances de nos frères travailleurs du monde entier... Cependant il faut espérer qu'avant peu la Chaux-de-Fonds verra se former une fédération ouvrière qui travaillera d'une manière convenable à réaliser le but de notre Association.

Schwitzguébel, de Sonvillier, raconte ce qui se passe au Vallon de Saint-Imier. Là, les Sections internationales avaient été fondées, il y a trois ans, dans un but d'agitation politique, par des ambitieux qui voulaient s'en faire des marchepieds. Il a fallu du temps et des efforts pour ramener les ouvriers du Vallon, égarés par ces messieurs, au véritable socialisme. Aujourd'hui le mal est réparé, tout marche dans un excellent esprit... Il parle aussi des résultats du meeting de Sonceboz : plusieurs ouvriers énergiques, habitant des localités qui n'ont pas encore de Sections, avaient promis au meeting de travailler à en créer ; mais, devant les menaces et les vengeances de certains patrons, ils ont dû renoncer pour le moment à leur œuvre...

Des remerciements sont votés à deux délégués de la Chaux-du-Milieu qui assistent à l'assemblée, et qui sont venus dans l'intention de chercher à implanter l'Internationale dans la vallée de la Brévine[1].


En tête de ce numéro du Progrès se trouvait un avis annonçant que désormais le journal paraîtrait tous les huit jours, au prix de 5 francs par an. En moins d'une année, la petite feuille volante, à périodicité incertaine

  1. Le compte-rendu de cette assemblée fut reproduit in-extenso par l’Égalité, numéros des 4 et 11 décembre.